Le Burkina Faso « est devenu une zone de transit des drogues dures » au regard de « sa position géographique » au cœur de l’Afrique de l’Ouest, a déclaré dimanche à Ouagadougou le ministre de l’Intérieur Simon Compaoré, qui fait état de plus de 51 kilogrammes de cocaïne saisies « ces trois dernières années ».
« Le Burkina Faso, vous vous en doutez, n’est pas un îlot à l’abri des assauts des narcotrafiquants. Notre pays de par sa position géographique, est devenu une zone de transit des drogues dures et de consommation des drogues dites douces », a dit M. Compaoré, lors d’une cérémonie d’incinération de 19,5 tonnes de stupéfiants, essentiellement du cannabis.
Depuis 2014, « 123,332 tonnes de cannabis, 51,048 kilogrammes et 0,826 kilogrammes d’héroïne », ont été saisis, ainsi que « 36,173 tonnes de médicaments », souvent détournés à des fins de drogues, a-t-il expliqué.
Au niveau mondial, l’on dénombre 200 millions de consommateurs de drogue, dont l’âge varie de 15 à 64 ans, selon l’Organisation des Nations Unies contre la Drogue et la Criminalité (ONUDC).
– Le Burkina, source d’approvisionnement des « terroristes »
D’une superficie totale de 274.400 kilomètres carrés, le Burkina Faso, pays sahélien d’Afrique de l’Ouest, partage 3.500 kilomètres de frontières avec six voisins dont le Mali et le Niger, tombés depuis 2012 sous la coupe de groupes extrémistes radicaux.
« Dans le contexte de terrorisme que nous vivons, les enquêtes que nous menons au niveau de la gendarmerie, et de la police, nous ont révélé que même les terroristes ont commencé à consommer suffisamment la drogue pour pouvoir agir et libérer toute leur barbarie », a révélé le ministre Compaoré.
« Il y a un produit qui s’appelle +le ritrovil+, utilisé aussi dans le traitement de l’épilepsie et qu’il est difficile à avoir. Il se trouve que les bandits de grands chemins, des terroristes, au Mali et au Niger sont passés par des gens pour fabriquer de fausses ordonnances pour s’approvisionner de ces produits au Burkina Faso. Ces produits constituent finalement de la drogue car après un certain seuil, même le médicament qu’on vous donne peut devenir la drogue ».
Epargné depuis plusieurs années par les assauts « terroristes », le pays a essuyé depuis avril 2015 près d’une dizaine d’attaques revendiquées par des groupes proches d’Al-Qaïda, dont la plus spectaculaire le 15 janvier dans un hôtel et un restaurant chic, dont le bilan officiel fait état de 30 morts.
– Vers un problème de santé publique
Les statistiques du Comité national de lutte contre la drogue (CNLD), relèvent que 63 élèves et 13 étudiants ont été interpellés depuis janvier, « pour faits de drogue par les services de détection ou de répression ».
Selon le CNLD, « 1.975 enfants et jeunes en difficulté avec la loi pour toxicomanie, ont été reçus par les services de l’action sociale et 302 personnes (ont été) prises en charge par les services de l’hôpital Yalgado Ouédraogo », le plus grand du pays.
A Ouagadougou, « les constructions inachevées sont des lieux de prédilection de consommation » des stupéfiants, a indiqué le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité qui promet « un programme spécial qui sera appuyé par les programmes des Nations Unies » en vue de faire « des bonds » dans la lutte contre la drogue.
Hassimi Zouré pour kibarya.com